23 August, 2016

Record sur une roue, par Markel Uriarte

C'est vrai, j'ai un nouvel objectif en vue : battre le Record Guinness de l'heure sur une seule roue. Après l'ascension du Tourmalet sur la roue arrière j'ai longtemps réfléchi à ce que je pourrais bien entreprendre. Ma première idée a été de parcourir la route de Saint-Jacques sur une seule roue, mais cela impliquait de disposer de 2 à 3 semaines et je n'avais pas le temps. J'ai donc décidé de remettre cela à plus tard.

En recherchant différents records, je suis tombé sur celui-là : j'ai lu qu'un Suisse avait parcouru 24,20 km et je me suis senti capable de le battre. J'ai donc commencé à m'activer. J'en ai parlé à mes parents et à mes amis, et comme ils savent que j'adore ce type de défi, cela ne les a pas étonnés… un de plus, voilà tout !

Depuis tout petit… sur la roue arrière

Lorsque j'étais petit, j'ai pratiqué le trial, ce qui explique ma passion pour la roue arrière. C'est une discipline qui exige de surmonter de nombreux obstacles sans poser le pied à terre. Alors, celui qui savait rouler sur une roue avait un avantage sur ses concurrents, car il pouvait passer par des endroits inaccessibles aux autres.

Vers l'âge de 12-13 ans, lorsque je me suis intéressé à la Mountain Bike, j'ai commencé à essayer de faire des roues arrière avec le vélo de montagne, mais je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à donner plus de deux tours de pédales. Puis, à force d'insister, j'ai progressé et je suis passé d'un à deux mètres, de deux à dix… Après quelques années, j'ai réussi à rouler comme ça sur un kilomètre.

Mon premier grand succès a eu lieu il y a 3 ou 4 ans, lorsque j'ai été capable de faire le tour du lac d'Aretxabaleta, Urkulu, ce qui représente près de 7 km. Je me suis impressionné moi-même !

« Et maintenant, qu'est-ce que je fais moi ? Je rentre chez moi ?

Lorsque je réalise un défi de ce type, je suis totalement concentré, je ne vois rien d'autre. Le jour de l'ascension vers San Miguel de Aralar, deux amis me filmaient et nous avons rencontré un groupe nombreux de personnes qui montaient en vélo. Lorsque j'ai atteint le sommet, nous avons ri pendant un bon moment en repensant aux commentaires des personnes que je dépassais sur ma roue arrière. Des choses comme : « Et maintenant, qu'est-ce que je fais moi ? Je rentre chez moi ? (rires).

Deux tours par minute pour battre le record

Chaque défi est différent. Celui-ci va être très particulier : rester concentré et vaincre la monotonie de rouler dans tel endroit. Je devrai faire environ deux fois le tour du vélodrome par minute… À partir du 20e tour, il est difficile de savoir de quel côté du vélodrome on se trouve.

Pendant une montée, on tourne à droite et à gauche, il y a des zones plates, d'autres plus inclinées… Dans un vélodrome, on tourne toujours du même côté et les muscles qui travaillent sont toujours les mêmes. Le corps se raidit beaucoup plus vite.

Comme les lignes droites sont rares, je ne pourrai pas trop accélérer. Il faudra accélérer un peu puis, tourner, accélérer un peu, puis tourner…

Dès le début, j'ai su que si je voulais établir un record officiel, il fallait le faire sur un circuit fermé, parce que c'est très difficile de démontrer la distance parcourue sur un tracé extérieur. De plus, cela m'évite de subir des conditions climatiques défavorables, le vent en particulier. Je m'assure donc que le jour de l'épreuve, les conditions seront identiques à celles des entraînements.

Mon but est de mettre toutes les chances de mon côté. On peut toujours essayer de battre le record au maximum, mais cela implique une fatigue accrue et donc davantage de possibilités de commettre des erreurs. Je vais adopter un rythme et le maintenir pour battre le record, même si mon temps pourrait être meilleur que celui que je réaliserai.

Alma, le vélo idéal

Pour relever un défi de ce type, il faut disposer d'un vélo léger, car les mains finissent en piteux état. Alors, plus le vélo est léger, moins il faut faire d'efforts et les mains souffrent beaucoup moins.

C'est pourquoi l'Alma est parfait. De plus, il a tendance à tirer sur le côté en même temps. Lorsqu'on roule sur la roue arrière, il est crucial que le vélo ne fléchisse pas, car cela risque de vous déséquilibrer.

Avec l'Alma j'arrive à rouler sur une roue avec un minimum d'effort et dans les virages, il se comporte à merveille. Le jour de l'épreuve, je vais simplement descendre le siège et régler le tube aussi bas que possible pour gagner en confort.

Un défi à portée de main

La zone critique pour battre le record de l'heure se situera entre les 25e et 45e minutes, car pendant les premières vingt-cinq minutes on est encore frais et le corps répond à merveille. Mais, dans la zone intermédiaire, le corps commence à se raidir et il ne faut perdre la concentration à aucun prix. Il faut garder les idées claires, ne pas trop accélérer pendant les lignes droites pour aborder les virages à une vitesse adéquate, mais sans trop freiner pour ne pas réduire le rythme…

De plus, à partir de la 30e minute environ, les mains commencent à souffrir (vous ne le saviez peut-être pas, mais rouler sur une roue provoque des ampoules), alors il faut savoir souffrir.

Mais à partir de la 45e minute, l'état d'esprit change, le but est plus proche et on reprend courage.

D'un point de vue physique, j'essaie d'aller au moins une fois par semaine au vélodrome, car les autres jours je m'entraîne pour les compétitions d'enduro auxquelles j'ai prévu de participer. Avant tout, je réalise un petit échauffement de 4 à 5 minutes, en douceur sur une seule roue.

Je fais une pause, je bois de l'eau, puis je mets les gaz pour le reste de la séance. Pendant l'épreuve, je ne boirai et je ne mangerai rien, car sur le vélodrome il n'existe aucune zone assez longue pour tendre la main et saisir quelque chose.

Quoi qu'il en soit, l'année prochaine j'aimerais tenter de faire le chemin de Saint-Jacques, mais tout va dépendre de mes engagements. De toute façon, les défis ne manquent pas : le record de kilomètres sur la roue arrière, le temps le plus long passé sur une roue… Tout cela me trotte en permanence dans la tête…