1er JOUR
En préparant notre dernière aventure de 2016, nous savions que ce ne serait pas une partie de plaisir. Les vacances imminentes, les tempêtes hivernales et les dernières mises au point professionnelles ne facilitaient pas la correspondance des calendriers, mais avec un peu de détermination et de persévérance, nous avons décidé de laisser les vents de l'hiver emporter toute prudence. Et en y repensant, ce périple a sans doute été le plus passionnant que nous avons réalisé.
Il a commencé à Portland, où nous avons récupéré les véhicules et laissé derrière nous la pluie, en attendant d'affronter la neige et les températures glaciales de Sisters, dans l'Oregon, le point de départ de notre brève, mais fabuleuse aventure de trois jours. Les conditions n'étaient pas idéales pour cette véritable traversée, et devant tant d'incertitude, nous avons remis en cause à plusieurs reprise notre décision d'entreprendre au plus vite un dernier voyage hivernal. Cependant, pendant que nous descendions le versant Est des montagnes, la météo s'est améliorée et le matin suivant, le soleil était présent à notre lever.
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SISTERS
Sisters est imprégnée d'histoire indienne, laquelle remonte a près de 7 000 ans ou plus. Plus récemment, cette petite ville a servi de camp militaire (Camp Polk : septembre 1865-mai 1866), et en 1870 elle était devenue une ferme. Vers 1888 s'ouvrait le bureau de poste des Three Sisters (plus tard abrégé en Sisters). Ce nom était un hommage à la majestueuse beauté des 3 sommets qui s'élèvent au sud de la ville. Celle-ci a été officiellement fondée en 1901 et lorsqu'on se trouve en centre-ville, il est toujours difficile de ne pas se laisser submerger par la beauté des montagnes alentour.
Située sur les contreforts ouest de la chaîne des Cascades et entourée de nombreuses pistes, routes de gravier et de rivières aux eaux cristallines, ainsi que de fantastiques sommets montagneux, Sisters semble avoir été fondée pour l'exploration.
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MONTER À TOUT PRIX
Sous le soleil et avec des températures proches des -4°, tous nos doutes de la veille ont laissé place à l'impatience qui précède l'exploration. La météo annonçait de la neige pour la mi-journée, mais nous nous sommes tout de même habillés rapidement et, après une halte rapide dans une boulangerie du centre-ville (notre arrivée tardive de la veille ne nous avait pas permis d'aller à l'épicerie nous ravitailler pour le petit-déjeuner), nous sommes partis pleins d'un optimisme prudent.
Après un court trajet à travers la ville et sur des routes pavées en la quittant par le sud, nous avons rejoint les routes de gravier sur lesquelles nous avions prévu de passer le reste de la journée.
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SANTIAM WAGON ROAD
N'offrant rien d'autre que des routes de gravier sinueuses et désolées, ainsi qu'une complète absence d'activité humaine (tout du moins en décembre), la Santiam Wagon Road (route de chariots) était la raison ultime pour laquelle nous avions choisi Sisters comme camp de base. Construite dans les années 1860, la Santiam Wagon « Road » servait de piste pour le bétail et était la seule voie de transport dans cette partie de la chaîne des Cascades, jusqu'à l'achèvement de l'US Highway 20 en 1939. Bien que la désignation de « route » semble quelque peu usurpée de nos jours, une suite de routes de gravier, de sentiers et de pistes reste encore intacte depuis les débuts glorieux de la route.
Dans des conditions toujours plus difficiles, nous avons persévéré afin de voir jusqu'où nous pouvions aller dans la montagne, et pendant les 3 premières heures, nous avons roulé sur des routes de gravier et des pistes pleines de poudreuse, mais tout de même praticables.
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RETOUR
Juste après 13 h, le ciel a commencé à s'assombrir, la neige à tomber sans répit, et nous avons pris le chemin du retour. Lorsque vous ne savez pas trop où vous vous trouvez, il vaut généralement mieux montrer un minimum de respect envers la mère Nature. Un peu plus de 2 heures après, nous sommes entrés dans la ville et parvenus jusqu'à la chaleur accueillante de notre logement de location.
Nous étions seulement partis pendant cinq heures, mais lorsque nos corps et notre équipement ont commencé à dégeler, nous nous sommes rendu compte combien les rigueurs de ce climat avaient dû être éprouvantes pour les premiers colons qui s'étaient aventurés ici. Nous aimons nous considérer comme un groupe de durs à cuire, mais en préparant le dîner et en regardant la neige s'accumuler à l'extérieur, nous avons fortement apprécié le confort moderne. Le lendemain, le froid allait s'intensifier, de même que les chutes de neige, et nous aurions toutes les occasions de démontrer notre force de caractère.
Cette nuit-là, nous nous sommes couchés, comme nous le faisons habituellement pendant ces aventures, avec l'excitation de nos expériences de la journée et impatients de voir ce que nous réservait le jour suivant. Carl Sagan a dit : « Si les constellations avaient été nommées au vingtième siècle, j'imagine que nous verrions des vélos ». Cette nuit-là, il ne faisait pas assez clair pour voir les constellations, mais elles occupaient nos rêves et nous étions tous contents de savoir que le lendemain, de nouvelles aventures nous attendaient.