Nous avons évalué le poids des vélos pour équilibrer la charge, puis nous les avons attachés deux par deux de chaque côté du mulet. Nous avons recouvert avec de la mousse tous les éléments coupants ou pointus. Le but n'était pas de protéger les vélos, mais les animaux. Lorsque le poids d'une paire de vélos rompait l'équilibre recherché, nous remplissions un sac de pierres pour l'obtenir. Tout au long du processus, les guides, Alberto et Alvaro, ont parlé aux deux mulets, et le soin qu'ils prenaient à les rassurer était vraiment touchant, une preuve de l'affection qu'ils avaient pour leurs animaux.
Ces mulets ont près de 30 ans et en voyant l'homme et l'animal travailler ensemble, il était évident qu'ils avaient noué une relation étroite. Pour les mulets, la charge était réellement légère, car en général ils portent des poids bien plus lourds, le seul problème étant la hauteur du vélo en raison des branches basses rencontrées sur le chemin. Nous avons progressé en manœuvrant avec soin et en faisant des détours, puis après une heure de trajet, nous avons atteint un col de haute montagne depuis lequel nous avons aperçu notre camp au bord du lac, loin en dessous, derrière nous.
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Les montagnes s'étendaient vers l'est, la direction que nous allions prendre. La descente a été intense et a duré presque tout l'après-midi. Nous avons encore une fois atteint notre destination au coucher du soleil. Le parcours était extrêmement accidenté, très technique et par endroits très semblable à une piste de trial. Un mauvais vélo ou un manque de confiance pouvait impliquer une longue, très longue marche. Ce groupe de coureurs expérimentés, avec une grande confiance en leurs vélos, a pu vraiment se déchaîner.
Nous avons fini dans les profondeurs d'une gorge, une autre expérience unique après notre départ du sommet de la montagne. Ce soir-là, j'avais du mal à tenir mon verre de bière et notre groupe s'est assis tranquillement autour d'un dîner. Même Pete avait du mal à faire des blagues convaincantes. Le soir, nous nous sommes endormis rapidement et profondément, mais le jour s'est levé trop tôt et nous avons dû tant bien que mal extirper nos corps fatigués de nos lits chauds
La dernière journée, nous avons pu profiter de quelques bons moments dans la Vallée de Benasque et Puro Pirineo. Nous n'avons pas commis d'excès, mais avons emprunté des pistes faciles et pédalé moins que d'habitude. C'était l'occasion d'achever notre périple sur une note paisible et pour la première fois du voyage nous nous sommes attablés bien avant le coucher du soleil. Ce soir-là, nous avons beaucoup parlé… nous n'étions plus aussi épuisés.
Notre groupe était bien assorti et je pense vraiment que nous avons noué de solides liens d'amitié pendant ces jours d'aventure intense. Nous avons partagé une expérience profonde, et en ce qui me concerne, elle compte parmi les plus mémorables de ma vie. Ferris Bueller a déclaré que « la vie passe tellement vite. Si tu ne t’arrêtes pas pour regarder autour de toi de temps en temps, tu pourrais la manquer ».
Pendant cette semaine, j'ai vraiment le sentiment que nous nous sommes arrêtés et que nous avons regardé autour de nous. Comme si quelqu'un avait arrêté la roue du hamster et que j'en étais sorti un instant. Cela peut paraître un peu fou, vu que nous n'avons jamais arrêté de pédaler jusqu'au dernier rayon de soleil, mais c'est ce que je ressens. Ce périple a permis de briser la routine. Je n'avais pas une minute pour penser à autre chose que le vélo et la piste, et les problèmes que nous rencontrions étaient immédiats et surmontables. Nous avons accumulé quelques souvenirs qui à n'en pas douter vont nous marquer pendant très, très longtemps. Nous sommes partis à la recherche de l'aventure et nous l'avons trouvée. Nous avons ainsi pu échapper un moment à un monde où les choses sont souvent compliquées, difficiles à résoudre malgré tous nos efforts ou tout simplement avec de la bonne volonté.